Salut,
Je suis plus que sceptique (pour ne pas dire carrément méfiant…) à l’égard des travaux et des recommandations de l’OTI (Observatoire du Travail Indépendant) présentées dans ces documents…
Notamment celui qui est intitulé « Le CDI à 35 heures par semaines ne fait plus rêver ».
Comme souvent, il est important de savoir d’où parlent les personnes qui écrivent ce type de « rapports »…surtout lorsqu’ils sont aussi tranchés que celui-là.
A l’image d’un Pierre Gattaz (ancien président du MEDEF) qui affirmait** que "60% des jeunes voulaient être entrepreneur", Guillaume Cairou affirme dans ce document que « 56% des 18-25 ans souhaitent exercer une activité en freelance ».
Avant de se pencher sur cette affirmation que l’on peut clairement qualifier d’abusive, il faut savoir que ce monsieur est Président de la Fédération des entreprises de portage salarial. Autrement dit, avec ce type de discours, il prêche simplement pour sa paroisse! Son point de vue est donc loin d’être neutre…
Maintenant, pourquoi cette affirmation est-elle abusive ? Tout simplement parce que lorsque l’on s’attarde sur l’étude IFOP sur le travail indépendant, et auquel se réfère G.Cairou, on s’aperçoit que l’appétence de cette population pour le statut d’indépendant est concomitante d’une condition : bénéficier des mêmes droits sociaux que les salariés… Ce que G.Cairou se garde évidemment bien de préciser.
Soyons donc attentif à ne pas nous laisser abuser par ces « études » sur le travail…ou en tout cas à jeter un oeil attentif aux personnalités qui les signent.
Dans le cas de l'OTI, aux côtés de Guillaume Cairou, on retrouve notamment François Hurel (Président des l’Union des auto-entrepreneurs) et surtout Jean Hervé Lorenzi, Président du Cercle des économistes, un think tank ultra néo-libéral promouvant entre autre la financiarisation de l’économie et le démantèlement de la protection sociale… Beau pedigree!
Cela étant dit, n’ayant pas pu assister à cette conférence, je serais curieux de savoir ce qui en est ressorti… Mais je crains malheureusement que cela ne tourne encore autour des poncifs habituels du genre « le monde change », « le système social français n’est plus à adapté »…etc…Etc. Bref, une vision du travail hors-sol, a-historique, et qui se plait à naturaliser à outrance des processus politiques en refusant d’en appréhender la dimension hautement conflictuelle…
Fab
**A ce propos, je vous invite à lire l’analyse de Jean-Michel Dumay ici :
https://cloudfab.fr/s/AK5N4P2sddcwmHy
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